Itinéraires des Photographes Voyageurs 2021. BordeauxPage Facebook
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David BART
Chine 0.06
 salle capitulaire cour mably
DU MARDI AU DIMANCHE 14H > 18H30
3 RUE MABLY, 33000 BORDEAUX
David Bart

Le barrage des Trois-Gorges est la première construction humaine qui, par la présence d’une si grande quantité d’eau concentrée artificiellement en un seul endroit, modifie l’inertie de la planète et ralentit la vitesse de rotation de la Terre de 0,06 microsecondes/an[1] par l’effet de la force centrifuge.

Troisième attraction touristique du pays, prouesse architecturale et fierté nationale, le barrage est aussi et surtout une épée de Damoclès. Le réservoir a englouti une zone fertile où étaient cultivées près de 40 % des denrées agricoles chinoises. Depuis la mise en service du barrage en 2009, le niveau des eaux du Yangzi se retrouve surélevé de 175 mètres. 140 petites villes, 1 352 villages, 1 600 usines et 700 écoles ont été submergées. 1 400 000 personnes ont été déplacées.

L’un des plus grands objets de propagande de l’histoire de la Chine post-Maoïste, le barrage des Trois-Gorges illustre la définition de l’homme comme « maître et possesseur de la nature » énoncée par Descartes. Une toute-puissance, un culte du no limit qui contrevient pourtant violemment aux principes fondateurs de la Chine traditionnelle, inspirée quant à elle du Taoïsme, du Bouddhisme et du Confucianisme.

La décontextualisation temporelle des images de propagande d’époque via l’incrustation, le collage ou le photomontage révèle le basculement majeur du XXe siècle au XXIe siècle : du politique (révolution culturelle de Mao) à l’économique (révolution numérique de Xi Jinping). La propagande contemporaine est à mon sens d’ordre consumériste. Elle se joue plus particulièrement au travers de ces « objets nomades totalitaires »[2] que sont par exemple les smartphones, traceurs-espions pas plus grands qu’une main à la portée de tout pouvoir étatique et commercial. Le règne du techno-capitalisme est en effet fondé sur l’auto-aliénation qui consiste à « rendre désirables les vecteurs de notre soumission de façon à ce que chacun vienne de lui-même livrer ses données personnelles au Big Data »[3]. En Chine, laboratoire de la surveillance numérique de masse, au gouvernement autoritaire de Big Father Xi Jinping. L’esthétisme de la propagande est ainsi revisité, invitant le spectateur à interroger l’articulation entre discours, image et dispositif.

Aujourd’hui, 0,01 % de la masse animale menace les 99,99 % autres d’extinction. C’est l’œuvre de l’Homme. Un Homme qui joue et jouit de la nature sans en maîtriser ses lois. Un Homme sans conscience ni humilité, qui s’apprête à perdre sa liberté ?

Anne Murat

[1] Source NASA - [2] [3] comme le définit l’écrivain Alain Damasio.

David Bart

David Bart est un artiste plasticien et cinéaste né en 1974. À travers ses recherches plastiques et ses films, David Bart invite à une exploration croisant différents espaces et territoires : le réel, le visible, l’imaginaire, l’inconscient, le virtuel, le temporel – croisement d’où surgit une sensation à la fois surnaturelle et évidente. 
Il y interroge les liens et la perméabilité subtile qui existent entre l’Homme et le monde, notamment comment l’« Anthropocène », nouvelle ère géologique caractérisée par l’impact des activités humaines sur les grands équilibres de la biosphère, renvoie à des questionnements métaphysiques sur l’équilibre fragile du monde et son impermanence. Il questionne nos certitudes et notre regard sur l’Homme en tant que « Maître et possesseur de la nature », et les piliers vacillants de cette maîtrise et volonté de possession que représentent notamment le consumérisme effréné et l’hypersphère.
 
David Bart utilise aussi bien l’espace de l’atelier que les mises en situation dans des environnements préalablement étudiés à partir de cartographies de toutes natures, les étudiant comme de l’archéologie. Il conçoit ses propositions à partir de supports photographiques, archives, vidéos et sonores, aussi bien digitaux qu’argentiques, qu’il développe en faisant apparaître des narrations particulières. Il invite le spectateur à la fois à un voyage sensoriel et contemplatif, et à adopter un regard critique, conscient de la nécessité de son propre déconditionnement.

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