Seul l’air, titre inspiré par référence au fameux poème de Pablo Neruda, est une traversée intime de l’Afrique, notamment de la Somalie et du Congo, mais aussi de Cuba, du Brésil et de Madagascar. On y découvre, comme revisitées, certaines plaies du non développement et de l’indifférence – « Que peut faire un pays qui mange, se lave, aime dans ses poubelles ? » écrit-elle à propos de Freetown où elle accompagne les missions d’Action contre la faim – et aussi, par le truchement d’une maîtrise complexe de la lumière et de la couleur, des instants fugitifs, des portraits suggérés, qui déchirent les représentations conventionnelles des visages rencontrés et des lieux traversés. « En acceptant la subjectivité de tout regard, on échappe à la prétention prométhéenne de restituer le réel », note l’écrivain Simon Njami. Ni métaphore, ni abstraction, l’Afrique de Laurence Leblanc est une tentative aboutie de translation visuelle d’une perception qui toujours s’échappe mais pourtant persiste.
Simon Njami. |