On connaît Jean Rouch, le cinéaste ethnologue de l’Afrique, le précurseur de la nouvelle vague, l’homme couronné de prix (Venise, Cannes, Berlin…), beaucoup moins le photographe. Et pourtant, son œuvre photographique est immense: 20 000 clichés pris au cours de ses missions ou du tournage de ses films. Ces images montrent, s’il en était besoin, que derrière sa simplicité, son humour, sa fantaisie, sa capacité d’improvisation se cachaient une grande rigueur et beaucoup de travail. Homme libre, il se voulait “amateur”, c’est à dire “celui qui aime ce qu’il fait” et qui aime surtout ce qu’il voit. Hommes, femmes, enfants dans leur cadre de vie, piroguiers sur le fleuve, chasseurs dans la savane…il savait voir! Il aimait l’Afrique, il aimait les africains. Face à toutes ces images, la sélection n’était pa facile. C’est pourquoi, n’étant ni ethnologue, ni cinéaste, ni africaniste, j’ai privilégié la poésie, l’émotion, l’aspect esthétique. J’ai décide de présenter les images que j’aimais: des portrait qui disaient l’âme des gens, des paysages qui témoignent de la beauté et de la majesté de l’Afrique. Photographies en noir et blanc, prises entre 1946 et 1951 dans cette période où, abandonnant son metier d’ingénieur, il bascule dans “les Afriques”, passant de la matière à l’homme. Comme l’a très bien souligné Jean-Luc Godard, Jean Rouch n’a pas volé son titre de carte de visite: Chargé de recherché au Musée de l’Homme.
Marie-Isabelle MERLES DES ILES Commissaire, membre de la Fondation Jean Rouch |