© Michel Castermans

israël ariño
bruno dubroqua
patrick galais
boris gayrard
florence lebert
laurence leblanc
geoffroy mathieu
romann ramshorn
jean rouch
klavdij sluban
vicente lópez tofiño

 

 

klavdij sluban

transsibériades
LA BASE SOUS MARINE
DU MARDI AU DIMANCHE 14H > 19H
le samedi 13H > 18H
01/04 > 30/04

Boulevard Alfred Daney- 05 56 11 11 50

 

 

Klavdij Sluban se déplace à pied à travers les villes d’un Far Est abandonné, où sont passés les habitants ? Il en reste quelques-uns, emmitonnés dans le brouillard, quelques bêtes en fuite ou le dos au mur. À la recherche d’êtres humains, le photographe insiste au-delà de l’Europe, il pénètre en Asie, Russie, Mongolie, Chine, avec le transsibérien, mais il ne rencontre aucune densité humaine. Partout, la géographie prédomine et rend l’espèce humaine négligeable. Le photographe a la nostalgie de la neige maternelle de l’enfance qui le rebordait dans son coin de terre, mais ici la neige est devenue une lèpre blanche, elle ne recouvre pas le sol, elle le ronge. Son silence est oppressant. Le photographe utilise rarement une vitesse d’exposition rapide pour fixer une course, un mouvement. Il laisse plus souvent un temps de pause plus long sur le diaphragme fermé, pour que le silence imprègne la pellicule. L’immobile a besoin de plus de temps pour affleurer. L’immobile est l’état de grâce du moment messianique, non pas l’exaltation d’un avent, mais une fin de course. Une des dernières photographies revient à un portrait de notre temps, le visage d’une femme aux lèvres entrouvertes pour un baiser au néant, inversé dans un reflet. Elle s’adresse à un point qui la sépare irrémédiablement. C’est tout l’Est qui regarde ainsi vers l’occident. C’est le regard le plus muet de toute la série, il offre et réclame un salut et fait le silence en qui regarde.
Extrait de la préface de Erri de Luca pour le livre Transsibériades, Editions Actes Sud