Itinéraires des Photographes Voyageurs 2019. BordeauxPage Facebook
L'associaiton Les éditions participer partenaires famille contact

 

Franck Brudieux
un imaginaire tchèque
le carnaval masopust
Bibliothèque du Grand Parc
MARDI 10H > 12h - 14h > 18
mercredi 10H > 18
jeudi et vendredi 14h > 18
samedi 10h > 18
34 RUE PIERRE TRéBOD,
33300 BORDEAUX

Nous construisons ce que nous regardons à mesure que ce que nous regardons nous constitue, nous affecte et finit par nous transformer

Les Tchèques sont réputés être l’un des peuples les plus athées au monde (avec les Japonais !). Cela pourrait surprendre lorsqu’on connait la ville de Prague. Cette cité emblématique du style baroque, cette capitale aux cents clochés masque ainsi l’âme tchèque. L’imaginaire tchèque ne pourrait-il s’appréhender sans visiter les campagnes ? Non, lorsqu’on découvre cette fête rurale qu’est le Masopust. Ce carnaval cristallise annuellement une ontologie* tchèque et, à travers cette série photographique, je me propose d’en donner un aperçu.
La construction identitaire des Tchèques s’est réalisée à partir des campagnes lors du mouvement du renouveau national au XIXe siècle. Le Masopust y tiendra alors sa place au même titre que la langue, l’histoire...Victime des périodes fascistes et communistes, le Masopust renaitra de ses cendres après la chute du bloc communiste en 1990. Cette tradition paysanne, dont on retrouve des traces dès le XIIe siècle, est inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco (pour trois villages). Si la volonté des organisateurs est de préserver une certaine codification des symboles (typologie des masques, des personnages et des cérémonies), c’est le sentiment de « communauté » qui constitue le principal moteur de ces rencontres annuelles, en janvier et février suivant le calendrier lunaire. Depuis vingt ans, c’est la réactualisation du sentiment de « collectif » qui prévaut sur les collines historiques de la Bohême. La procession qui part du village de Roztoky jusqu’à la colline de Holý vrch (au Nord de Prague) est alors vécue comme un rite, une expérience kinesthésique (la grande farandole finale avec l’accompagnement des musiciens). Pour l’anthropologue Radcliff Brown, les rites ont pour effet de maintenir, transmettre d’une génération à l’autre, des sentiments dont dépend la constitution de la société ; on pourrait alors paraphraser la formule de Levi-Strauss selon laquelle le Masopust est « bon à penser ». Repenser nos relations avec la nature, les non-humains, la temporalité, l’espace de vie est ainsi l’expérience proposée par le Masopust.
Ainsi, cette série donne à voir sans réserve une expérience sensorielle totale unique en Europe centrale. Elle est extraite d’un travail de repérages d’un « terrain » dans le cadre d’une licence d’anthropologie en février 2017.
Franck Brudieux

*Philippe Descola, anthropologue français contemporain, a défini quatre typologies universelles d’agir au monde ou encore « ontologies » : l’animisme, le totémisme, l’analogisme et le naturalisme. L’ontologie naturaliste dans laquelle nous vivons depuis la Renaissance implique une séparation entre nature et culture et un rapport au temps historique. Dans nos sociétés multimodales, la réponse aux urgences sociétales et écologiques ne pourra s’effectuer que par un décloisonnement des ontologies afin d’accéder à d’autres compréhensions du monde.

Franck Brudieux

D’un père ingénieur, j’ai une formation initiale technique ce qui m’a amené à travailler dans un premier temps dans la construction navale (Cherbourg). Ma démarche photographique s’est construite au fil des années et des rencontres…Avec des débuts dans l’astrophotographie (prix CNES 1986), puis pigiste rubrique « sport » à Ouest-France, ce sont les rencontres avec les villes qui ont été déterminantes dans mon parcours. Ainsi une première exposition sur les paysages bretons (galerie Nuances à Nantes) m’a conduit sur les chemins de Sarajevo avec deux journalistes nantais. Cette ville a été l’expérience existentielle qui m’a conduit pendant dix ans (1996-2006) sur les aires en transitions des anciens régimes communistes (de Sarajevo à la Biélorussie…).
Ma formation dans le domaine audiovisuel (ESAV à Toulouse et FAMU à Prague) m’a conforté dans mes choix (avec l’étude des paysages sonores) mais en même temps à mis en évidence mes manques. J’ai alors entrepris depuis trois ans une licence en anthropologie afin d’approfondir mon approche sur le monde par la photographie.

http://otrevision.brudieux.free.fr/

Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux
Franck Brudieux