Cau, littéralement trou - tanière, est une crique à la sortie d’un village catalan où je reviens chaque année, quelles que soient les saisons. Comme un rendez-vous immanquable, une promesse. Depuis l’enfance, et, au fil du temps, ce petit banc de sable est devenu espace intime.

La légende raconte qu’on l'appelle Cau del llop - le trou du loup - parce qu’un homme y aurait trouvé refuge dans une grotte. Il aurait survécu là en ermite, avec une mouette et un loup. À partir de cette légende, j'explore pour m'enfoncer dans un monde où l'on va peu à peu s'immerger jusqu'à perdre pied. Car cette crique est un creux. Un creux au sens propre, dans sa forme géographique, comme au sens figuré, avec tout ce qui vient s’y loger.
Les espèces vivantes, les végétaux et les minéraux peuplent le lieu et son imaginaire. De même que les trouvailles que l'on ramène à la surface deviennent des trésors, les souvenirs précieux d'une concrétion du temps. De cet ensemble - vivant, fantomatique, réel, imagé, fossilisé - je cherche à faire une archéologie, un inventaire sensoriel, énigmatique.

Cau del llop est une quête de ce qui se cache dans les failles et les profondeurs, l'histoire d'un paysage qui se transforme et d'une légende qui reste un mystère. C'est un voyage intérieur et organique où se collectent tout à la fois les traces poétiques de cette crique et celles de nos peurs et de nos désirs de plonger dans d'autres dimensions.

Charlotte AURICOMBE

Photographe formée au laboratoire argentique auprès de professionnels et aux ateliers photographiques de l'Espace Saint-Cyprien à Toulouse, Charlotte Auricombe a étudié l'histoire de l'art et les métiers de l'exposition à la Sorbonne, dont elle sort diplômée avec la réalisation d'un livre d'artiste. Elle s’intéresse à la photographie pour son pouvoir poétique. La relation avec un paysage, et, toutes les questions qui le traversent sont au centre de ses recherches. Elle travaille sur les sensibilités à nos environnements, la façon dont les paysages nous habitent, construisent nos identités, et sur les liens qui perdurent avec la mémoire des lieux, des sols, des croyances.

« Je montre ce qui disparaît, mais cherche ce qui demeure. Je travaille un temps qui serait un temps géologique, des origines au présent, et je vais vers le minéral, le végétal, l’organique et l’animal pour lier les éléments. John Muir disait qu’en entrant dans la nature on en devient un élément, ma démarche est indissociable de cette sensation d’immersion. »

Son travail est régulièrement exposé, récemment au festival Les photographiques du Mans et à la Galerie de l'office du tourisme du Pic du Midi à Bagnères-de-Bigorre, suite à une résidence de création chez Jeanne. Elle est accompagnée cette année par les photographes Ljubisa Danilovic et Sabrina Biancuzzi à Paris au sein de la Milk masterclass. Elle développe ses projets en Catalogne et en France, principalement dans les parcs naturels régionaux de l’Alt Emporda, des Pyrénées Orientales et des Hautes-Pyrénées.

www.charlotteauricombe.com