Fantôme entrouvre le rideau sur une suite d’apparitions. Villes, paysages, lieux, êtres et perspectives perdent trace de leur provenance. Un seul territoire réunit ces métamorphoses. Nous pouvons les désigner : elles, ne diront rien – sinon cet évanouissement en noir et blanc. Imprimées sur la rétine, ces métamorphoses soupirent de voir leur mort un instant suspendue : qui ne rêve pas de dessiner son propre espace dans l’éternité ? Pour tout dire, elles sont vraies : nous pouvons le jurer. Seulement, elles se détournent des perceptions trop sûres, bien qu’elles sachent qu’elles sont les objets de toutes les interprétations. Certaines s’agitent et semblent mener droit au royaume des morts ; d’autres pa- raissent appartenir à la disparition et viennent cependant semer la vie. Aucune création ne fut jamais autrement : ici ces apparitions font leur ronde sous forme d’images. Elles referment leurs yeux sur vous pour que vous puissiez les voir ; elles s’inventent pour qu’on les accueille. Fantôme est le nom des failles qui les composent. Écoutez : voici enfin qu’elles le soufflent en silence.
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