Déplacer la capitale d'un état est une décision majeure.En 1998,le Kazakhstan inaugure sa nouvelle capitale et Almaty cède la place à Astana,située1300 kilomètres plus au nord du pays. Capitale la plus récente du monde après Pyinmana(Birmanie),elle est aussi symbole d'un nouveau départ et une initiative apparaissant comme un cas unique dans l'espace post soviétique. Projet pharaonique,défi à la nature que constitue l'érection d'une capitale sous un climat extrême imposant des fondations spécifiques,mais aussi volonté de rupture,de réformes historiques et de ré-appropriation identitaire. Des moyens colossaux sont donc mis en oeuvre pour qu'Astana puisse assumer son rôle de nouvelle vitrine du pays en favorisant le développement et l'insertion du Kazakhstan dans le marché mondial. Si l'architecture est généralement la manifestation de signes appartenant à un ensemble culturel particulier,le visage de la jeune capitale est aussi celui du pouvoir et du plan symbolique d'une nouvelle orientation politique.Les bâtiments officiels neufs confinent parfois au gigantisme ou à la démesure,les squelettes d'édifices aux styles dissidents affleurent à la surface de cette péri-urbanité,la faisant hésiter entre authenticité et artifice,entre le matériel et un imaginaire teinté d'utopie. Immense chantier d'où émergent,ambassades,résidences haut de gamme et vastes bâtiments accueillant tous les organismes d'Etat,Astana paraît inachevable et peine à entretenir ses espaces en manque de fréquentation.Si l'herbe apparaît et occupe nonchalamment les interstices,le discours officiel se doit de rester enthousiaste et séducteur. En vue d'un futur personnel plus riant proposé aux migrants,ces constructions proposent aux citoyens une mise en scène de l'état en tant que cadre de sociabilité viable.Un ensemble d'éléments ornementaux dans lequel la végétation peu présente et théâtralisée,vivote tout en semblant avouer son manque d'encrage.
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