Itinéraires des Photographes Voyageurs 2023. BordeauxPage Facebook
L'associaiton Les éditions participer partenaires famille contact

Julie BOURGES
Les eaux-fortes
 salle capitulaire cour mably
DU MARDI AU DIMANCHE 14H > 18H30
3 RUE MABLY, 33000 BORDEAUX
David Bart

Il est 3h dans le petit port de Ploubazlanec.
L'obscurité dessine à peine les silhouettes des bateaux.
Une barque plate fend les eaux noires de la mer encore calme.
à son bord, Camille rejoint le VAFIAN, amarré un peu plus loin.
Le bateau sur lequel elle pêche depuis quatre ans.

Camille creuse ainsi le sillon de ces femmes fortes et déterminées qui conjurent chaque jour la malédiction de celles qui montent à bord.

Convoqué à travers les figures de proues censées protéger l'équipage du mauvais augure et symbolisant par là même l'âme du navire, le genre féminin était pourtant interdit d'embarquer.
Les femmes ont longtemps eu la réputation de porter malheur sur les bateaux et on leur attribuait la responsabilité de tous leurs maux.

« Si traitresse que soit la mer, les femmes le sont plus encore »
« La mer est aussi imprévisible que la femme »,
« Femmes à bord, diable au lest »
« Deux maux sans remèdes, le vent et les femmes ».

Aujourd'hui encore, même si les mœurs et les croyances ont évolué, rares sont celles qui embarquent pour une saison de pêche...

Camille n'avait pas le pied marin mais elle s'est accrochée.
L'appel de l'océan a vaincu le mal de mer.
Aujourd'hui elle n'imagine pas faire autre chose et elle affronte à chaque marée les vents contraires.

Julie BOURGES


Enfant, je passais de longues heures à lire et à imaginer d’autres mondes. Aujourd’hui, je photographie des parcelles de la réalité – là où je voudrais faire survenir la possibilité d’un nouveau territoire, tout à la fois mystérieux et libérateur.

Inspirée par les artistes qui floutent les limites entre le réel et le rêve - Fellini, Angelopoulos, Calvino - je cherche un niveau de perception plus subtil. Mes images sont des fragments – souvent minimalistes – des portes, en quelque sorte, qui ouvriraient sur le cheminement de l’esprit, vers une exploration intérieure ou extérieure.

Pendant une dizaine d’années j’ai composé des séries très introspectives qui sont comme des passages ou des traversées.
Umbra nous plonge dans la nuit parisienne.
Haïkus nous enveloppe dans le brouillard de la lagune de Venise à la recherche d’un horizon insaisissable.
Les corps absents sondent le mystère de la transmission et des liens familiaux et ancestraux.

Puis il y a quatre ans, tout bascule. Par une nuit profonde un pêcheur me tend un corail aux branches comme des doigts boursouflés de verrues qu’il vient de remonter dans ses filets. Il m’en souffle le nom : la main de la sorcière.
Quelques heures plus tard, je rencontre Cécile, une jeune charpentière de marine qui retape des barques catalanes et qui peine à s’affirmer dans un monde qui semble ne pas vouloir d’elle.
Était-ce le destin ou le hasard qui connectait ces deux rencontres ? Poussée par l’appel de la mer je tisse ma première légende : La main de la sorcière.

C’est la rencontre avec Camille, une des rares femmes marins-pêcheurs en France qui donnera naissance à un second chapitre : Les eaux-fortes. Comme sortie d’une peinture flamande, Camille affronte les éléments et s’inscrit dans la lignée de ces femmes libres qui conjurent à chaque marée la malédiction de celles qui montent à bord.

À travers ces femmes que je rencontre, c’est la mer que je cherche. Cet élément qui concentre les émotions et les fantasmes et nous confronte à l’ailleurs, à l’aventure, au voyage. À la fois fascinante et effrayante. Je souhaite explorer la profondeur et l’imaginaire de cet espace à la fois physique, mythologique, antique et littéraire. Mon champ n’est pas seulement géographique, il est aussi intérieur.

Mon prochain opus sera consacré à des navigatrices. Je vais continuer à raconter les odyssées intimes de ces femmes longtemps cantonnées à des figures de protection à la proue des bateaux et qui en prenant la mer s’affranchissent des croyances ancestrales à la force de leur corps.

www.juliebourges.com

Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges
Julie Bourges