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Alex TROESCH
Maringouin
 salle capitulaire cour mably
DU MARDI AU DIMANCHE 14H > 18H30
3 RUE MABLY, 33000 BORDEAUX
Alex Troesch

En 1838, l’Université de Georgetown, une institution jésuite du Maryland, est au bord de la faillite. Pour se sortir de cette impasse, les jésuites décident de vendre 314 personnes réduites en esclavage sur leurs plantations à différents propriétaires terriens de Louisiane. Selon leurs dires, la plupart d’entre elles auraient péri en route. Mais en 2015, un ancien élève de Georgetown décide de mener des recherches généalogiques en Louisiane auprès d’anciennes plantations, et un article du New York Times en relate l’histoire. Aujourd’hui, plus de 10 000 descendant·e·s directs ont été identifiés et localisés un peu partout aux États-Unis, notamment dans la petite ville de Maringouin près de Baton Rouge. Alors que Georgetown est devenue l’une des institutions les plus prestigieuses des États-Unis, Maringouin est restée la même petite bourgade cernée de champs de canne à sucre.

Dans un souci d’assumer ce lourd passé, l’Université de Georgetown a créé un groupe de travail sur «l’esclavage, la mémoire et la réconciliation» et a présenté des excuses officielles en 2017. Qu’est-ce qui a changé dans la perception que les Descendant·e·s ont de leur propre histoire et que faut-il faire pour expier le passé ? Une conversation difficile s’est établie entre l’Université et les communautés de Descendant·e·s. Ce dialogue est indispensable car il met en avant des questions sous-jacentes sur les responsabilités et permet de mieux répondre aux demandes de réparations. L’Université a pris des mesures dans ce sens et plus récemment, les dirigeants de la Conférence des prêtres jésuites ont promis de lever 100 millions de dollars au profit des communautés de Descendant·e·s. Ce qui se passe aujourd’hui à Georgetown pourrait très bien servir d’exemple aux générations futures et montre une fois de plus combien il est important de nous confronter à notre histoire pour surmonter les inégalités et les discriminations raciales.

Maringouin est un projet photographique et un travail collaboratif qui vise à rassembler et à diffuser la riche iconographie relative aux 314 hommes, femmes et enfants connus sous le nom de GU272 ainsi que leurs Descendant·e·s. Par le biais de photographies et de collectes d’archives, Alex Troesch dresse le portrait des communautés de Descendant·e·s en Louisiane, mais aussi des étudiant·e·s et des historien·e·s de l’Université de Georgetown. Il veut rendre compte de cette mémoire, mais aussi interroger des vérités gênantes plutôt que de donner des réponses faciles.

Ce projet est aussi un moyen de mieux comprendre le pays dans lequel le photographe a vécu plus d’une décennie, recréer du lien là où il semble s’être distendu et se concentrer sur le dialogue en cours. C’est aussi une introspection, celle d’un Européen sur les traces d’un passé dont nous sommes tous ici les héritiers et les héritières et qui n’a de lien évident que son nom. Maringouin n’est pourtant pas un accident de langage. C’est aussi le résultat d’une construction, d’une visée coloniale avec comme modèle économique celle de plantation.
Plus qu’une compilation de textes et d’images, Maringouin doit rendre compte des débats qui ont lieu aujourd’hui autour des inégalités raciales aux États-Unis mais aussi en Europe. Mettant en lumière la résurgence d’une mémoire collective douloureuse tout en questionnant sa représentation photographique, Maringouin entend souligner à quel point l’histoire américaine est aussi l’héritière du passé colonial européen.

Philippe DOLLO

Alex TROESCH (1977, Suisse) est un photographe et vidéaste indépendant spécialisé dans les portraits et les projets photographiques à long terme. Il a passé son enfance à Abidjan, en Côte d’Ivoire, ainsi qu’en Suisse et s’intéresse à la photographie par le biais de la chambre noire. Il effectue un apprentissage à Genève et à l’Ecole supérieure d’arts appliqués de Vevey, en Suisse, où il obtient son diplôme en 1997 (CFC Photographe de Laboratoire). Il publie ensuite ses premiers portraits et reportages, dans le quotidien suisse Le Temps et le magazine Vibrations. En 2003, il part s’installer à Brooklyn, NY et collabore avec des correspondants de presse suisses et français. Plusieurs reportages donneront lieu à des publications et des expositions, notamment son travail dans des villes comme la Nouvelle-Orléans après Katrina, Détroit et ses fermes urbaines mais aussi dans le nord du Mexique et en Jamaïque. Il s’intéresse aux rapports de force Nord-Sud ainsi qu’aux questions liées à la réparation et à la réconciliation. Depuis 2016, il documente l’histoire des GU272 et de leurs descendants. En 2020, il intègre l’Atelier 91 à Lausanne où il est aujourd’hui basé.

www.alextroesch.com

Alex Troesch
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