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Louise NARBO
Voyage vers une terre oubliée
 salle capitulaire cour mably
DU MARDI AU DIMANCHE 14H > 18H30
3 RUE MABLY, 33000 BORDEAUX
Louise Narbo

Ce projet parle d’un retour en Algérie, ma terre d’origine. Mais d’un retour de forme singulière, celle d’un voyage intérieur, à la recherche d’un oubli, d’un silence. Cet étrange silence qui suit les détonations de la guerre. Le long silence de l’exil.

Face au lourd refoulement des sept années de guerre que j’ai vécues dans mon enfance, j’ai travaillé d’une façon subjective et introspective. Trois récits avec trois écritures photographiques se sont constitués au cours de cette longue période, avec des niveaux d’implication différents.

La première écriture, que j’avais nommé Photo de mémoire, de style classique, a démarré vers les années 1980 et s’est étalée jusqu’aux abords de l’année 2015. On peut parler de nostalgie de la terre, de la végétation méditerranéenne et de la chaleur des étés. Quelques images glissent simplement. Le cœur se noue parfois, puis on passe à autre chose. On écrit trois phrases sur son carnet, on fait trois photos souvenirs et voilà tout. Ce sont des souvenirs exotiques.

La deuxième étape Une terre oubliée est née d’une décision d’attaquer les traumatismes d’une guerre vécue dans l’enfance. À mon arrivée en France, en 1962, il m’a été facile d’en faire un paquet bien ficelé, pour ne plus y toucher. « On est passé à autre chose » était alors l’expression consacrée. Mais ce paquet, après des décennies d’inertie, a fait souvent parler de lui, en s’exprimant à travers des malaises psychiques et corporels. C’est ce que j’ai vécu en 2016 à Cuba, au cours d’un laborieux voyage. J’ai retrouvé, lorsque je me suis penchée sur ce boulet, une guerre qui n’avait pas vieilli. Puisque je n’y touchais pas, rien ne bougeait. Un vrai film d’époque avec l’accent, les pensées de l’époque. J’étais épouvantée d’entendre, en mon for intérieur, les mêmes mots qu’on se disait, en famille, dans les années 1950. J’ai décidé de me dégager de l’intemporel que créait le refoulement. Il fallait arriver à sortir de la tête les protagonistes de ce conflit. Écouter ces étranges échos pour les plonger dans le présent. Alors, tels des soufflets, ils se sont affaissés un par un au cours de ce travail.

Le troisième et dernier temps Scènes de la vie antérieure reste, en partie, mystérieux pour moi. Il s’agit probablement d’une forme synthétique et conclusive, parlant d’une coupure. C’est une volonté de communiquer sur ce processus. Une volonté de faire passer un message et d’inviter, tous ceux qui se reconnaissent dans la situation que j’ai vécue, à faire le voyage vers ces terres oubliées …

En cherchant des documents sur les traumatismes de guerre, j’ai trouvé de nombreux textes parlant des problèmes psychiques des militaires, mais assez peu de travaux sur les traumatismes vécus dans la population civile. Les exilés ont souvent gardé le silence et n’ont pas toujours consulté psychiatres ou psychothérapeutes.
Malgré une forme personnelle et intime, mon travail parlera à bien des personnes ayant vécu un déracinement. Non, je n’étais pas la seule à mettre de côté ce passé algérien pour faire face à l’urgence de la construction d’une nouvelle vie. Et l’on peut facilement élargir la question du refoulement et des traumatismes de guerre à toutes les autres guerres ayant touché des populations civiles qui ont dû s’expatrier. Ces dernières ont souvent maintenu, tout au moins dans un premier temps, un grand silence à propos des troubles psycho-somatiques ressentis. Il y a eu également des rassemblements de communautés resserrées autour d’un passé commun et maintenant ce passé indéfiniment présent. J’ai souhaité sortir de ces impasses.

Louise NARBO

Née à Alger (Algérie), Louise Narbo s’installe en France au lendemain de la guerre d’Indépendance. Après des études universitaires en psychologie clinique, elle va exercer dans des institutions de santé mentale.
Parallèlement elle abordera,
en autodidacte, la photographie.
Sa création a pris source dans son enfance, marquée par les secrets dans le groupe familial, la malvoyance du père et la guerre d’Algérie. Son goût pour les rêveries l’aide alors à supporter la peur et l’enfermement liés au conflit.
Louise Narbo mène une recherche dans l’en deçà de la conscience avec, pour alliés, la libre association, le jeu des hasards et des accidents. Ce sont ses outils de connaissance mémorielle et d’exploration de la vie intérieure, obscure comme les rêves.

Après la photographie argentique et classique de ses débuts, quelques mutations s’opèrent dans son écriture. Dès les années 2000 Louise Narbo cherche à s’émanciper de la simple représentation du réel. Elle travaille avec le papier baryté à l’envers, écrit sur l’image, crée des textes dans le passe vue … C’est un moment charnière où elle crée spontanément de nouveaux dispositifs. Elle s’engage alors vers une photographie plasticienne. Actuellement, elle continue à intervenir dans l’image qu’elle fabrique parfois de toutes pièces. Peinture, collage, déchirure, fragmentation, superposition, toutes sortes de transformations dictées par l’impulsion intérieure.

www.louisenarbo.fr

Louise Narbo
Louise Narbo
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