Il y a dans le travail photographique d’Ann Cantat- Corsini le saisissement de cet autre temps, celui de l’image photographique. Entre vacillement et fulgurance d’un quelque chose dans l’image. Et c’est toujours un quelque part aussi. Oaxaca, Mexique dans la nuit du 1er au 2 novembre 2010. De l’étrangeté dans les lueurs : et l’image est vertige. Mais entre masques et mémoires un équilibre danse et tente, pour ce quelque chose qui quelque part demeure. Alors brille un regard comme une ombre, un cillement d’âme sur ces visages à leur nuit de l’en soi. Et c’est un rire de squelette qui éblouit. Oui, puisque là, autour et faisant cercle, la montagne rassure, et emporte, et transporte. Dans cette nuit, une nuit philosophique s’il en est, l’artiste Ann Cantat-Corsini travaille au coeur et au creux des caractéristiques de la photographie elle-même - ses pouvoirs, ses coutumes et usages, ses dimensions ou notions de traces et d’empreintes - mais c’est aussi à sa lisière même que l’image photographique s’envisage et s’appréhende. En eff et, il y a toujours dans les oeuvres de cette Photographe ce geste qui intrigue, celui qui défi e l’image fi xe, fl irtant comme rendant sensible le mouvement en soi qu’appelle chaque image. Et avec La Noche de los muertos, ce movimiento se confond avec celui de l’âme.
Emma Guizerix |