« Au début la pratique s’est installée indépendamment de ma volonté, faire des photos de ma famille, simplement, comme beaucoup, sans projet esthétique particulier. Ces photographies semblaient être le fruit d’une expression privée, intimement associée à mon histoire. Avant tout, elles participaient à la construction d’une mémoire collective familiale. Le temps est disparition du passé et inexistence de l’avenir. De cette loi, l’album de famille répond par sa merveilleuse objectivation du temps vécu. Les cycles de la vie trouvent leur place dans l’album, ils s’inscrivent dans des histoires multiples. Dans cette exécution répétée, l’acte photographique s’est transformé, le processus a évolué pour aller vers un travail spécifi que. les paysages croisés pendant les vacances, les lieux et les objets quotidiennement observés et empruntés sont naturellement venus se marier à mes photographies de famille. Les territoires et tout ce qui les composent sont marqués par nos passages, nos déambulations, ils sont empreints d’une activité humaine invisible passée et à venir. Toutes nos histoires constituent la trame d’un «paysage intérieur» sur lequel repose, à la manière d’un calque, un «paysage extérieur réel» , des lieux précis, occupés ou désertés. Ce qui rend un espace unique et diff érent pour chacun, c’est ce qu’il provoque en nous, ce qu’il révèle, une forme d’image mentale qui puise son contenu dans nos mémoires. Je propose une observation qui s’aff ranchit des contingences matérielles et des mutations des territoires . «Réminiscence» explore des géographies du dedans, des voyages intérieurs, intimement partagés et universels . » |