Fred Jourda ne va pas au devant de la photographie; c’est elle qui vient à lui. De même que la pellicule s’imprègne de la lumière, le photographe s’imbibe des sensations qu’il perçoit en se laissant envahir par la magie d’une lueur ou la beauté d’un paysage. Il parvient à capturer l’émotion de l’instant qu’il nous retransmet intacte pour pérenniser l’éphémère. Echappant au tumulte urbain, l’artiste nous ouvre des fenêtres sur une face du monde souvent oubliée. C’est pour ne pas troubler la quiétude ambiante que l’oeuvre est vide de toute trace humaine, car selon Fred Jourda le monde social est porteur d’une agitation qu’il choisit d’écarter pour ne garder que la douceur et la sérénité du lieu et du temps. A partir de là, les grands espaces s’off rent à nous librement et, pris d’un ravissement contemplatif, on découvre ses paysages qui sont autant de bulles d’oxygène, légères et délicates. Tout se passe comme si l’artiste voulait qu’au sein de ses Paysages, la seule présence humaine nécessaire -celle du photographe- soit la plus discrète possible. Si la beauté des paysages fascine, il n’est que de voir la technique utilisée par le photographe, qui époustoufl e ! Fred Jourda, réalise tous ses clichés à partir d’un appareil de type «instamatic» (qui s’apparente à un jetable). Il n’a qu’un seul geste à faire : appuyer sur le déclencheur. Pas de réglage, ni de mise en scène; juste le cadrage, le point de vue du photographe, en d’autres termes l’Oeil. L’essentiel du travail est donc dans la contemplation de la Nature, ou plutôt «un petit morceau» de cette nature qu’il transforme en infi ni... C’est à travers la photographie que Fred Jourda choisit d’exprimer humblement sa vision du monde, même si elle paraît parfois idyllique. Rien d’étonnant alors, à ce que ses oeuvres soient toutes empreintes d’une poésie poussée jusqu’à l’exaltation par leur simplicité même. Il émane de cet artiste une délicatesse qui rejaillit sur son oeuvre : la pureté de chaque photographie trouble et touche. Cela s’appelle la Grâce. |