La lenteur (…) se reconnaît à la volonté de ne pas brusquer le temps, de ne pas se laisser bousculer par lui, mais aussi d’augmenter notre capacité d’accueillir le monde et de ne pas nous oublier en chemin. Pierre Sansot.
La vitesse avait envahi ma vie. Au fil des années, le tempo lent de mon enfance s’était transformé en une course effrénée. Telle le lapin d’Alice, je fonçais pour ne pas être en retard, mais plus je courais, plus ma vie m’échappait.
Alors je suis partie seule pour un voyage au lent cours.
Mes pas m’ont portée loin des villes, vers ces recoins du monde où l’humanité n’a pas encore goudronné le paysage pour assouvir sa soif de vitesse. Là où chemins de terre, chiens errants, cahutes légères et frêles embarcations sont les traces discrètes d’hommes qui habitent une nature bien plus grande qu’eux.
Dans ces lieux où la nature domine, le temps parait se dilater. Car la nature exige la lenteur. La patience est nécessaire à la croissance du vivant. Respectant imperturbable le cycle des saisons, elle nous rappelle qu’il est illusoire de vouloir accélérer la cadence.
Face à ces paysages immobiles depuis des siècles, j’ai contemplé la futilité de ma course citadine. Ils semblaient me chuchoter qu’ils étaient là bien avant moi, qu’ils me survivraient, et que m’agiter ne changerait rien au cours de l’éternité.
Il ne restait qu’à profiter d’être là, écouter le silence et m’emplir de la quiétude des lieux.
Ces images sont la mémoire d’un voyage contemplatif hors du temps, pour ne pas oublier que rien d’important ne presse vraiment.
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