Iran. 1983. Payram s’enfuit de Téhéran et s’exile à Paris.
Syrie. 2001. Payram se rend à Alep pour la première fois. Le sentiment defamiliarité, la ressemblance avec Téhéran, est étourdissant.
Il reviendra régulièrement en Syrie les dix années suivantes.
De ces séjours sont issues les trois séries de Polaroid reproduites dans cette exposition : Savon, Métal et Pierre.
Trois matières simples qui font renaître en lui les souvenirs de la vie en Iran: le bazar de Damas lui rappelle celui qu’il parcourait avec son père; les savonneries d’Alep ont la même odeur que celles de Maragheh où sa mère achetait des savons pour la famille; la pierre évoque les carrières du quartier de Nezamabad, où travaillaient les tailleurs, croisés quotidiennement sur le chemin de l’école.
Cette exposition est le souvenir photographique d’un exilé iranien ne pouvant plus photographier son pays.
«Je suis iranien. Né iranien. Je suis photographe. Tireur. Exilé. Je suis toujours exilé. J’ai été contraint en 1983, de quitter définitivement l’Iran. J’ai alors arrêté d’écrire pour me consacrer à la photographie.
20 ans plus tard, j’ai été abasourdi de retrouver en Syrie l’image que je me faisais de l’Iran de mes grands-parents. J’ai reçu ce paysage comme un cadeau d’une autre époque. C’était comme entrer dans un rêve d’enfant fiévreux. Comme un brouillard qui se dissipe. Comme un rêvee qui prend chair sur les traces d’un paradis perdu.
Le Polaroïd 55 et l’épreuve - instantanée, unique et fragile - qu’il laisse m’ont permis de travailler des journées entières aux côtés des artisans syriens sans parler leur langue.
Aussi j’ai donné beaucoup de ces épreuves aux syriens que je rencontrais. Les photographies présentées sont une sélection de celles qui me restent.»
Payram
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