àtravers ce projet, je plonge au cœur d’un rite initiatique et crée une photo plasticienne et documentaire à la fois, au plus près du vécu des pygmées Batwas chez les Ekonda en République Démocratique du Congo. Chez les Ekonda, le moment le plus important dans la vie d’une femme est la naissance de son premier enfant. La jeune mère est appelée Walé («mère allaitante primipare»). Elle retourne alors chez ses parents où elle reste recluse pendant une période de 2 à 5 ans. Sa mère l’initie à son nouveau rôle social. Le respect de l’interdit sexuel pendant cette période lui confère un statut semblable à celui d’un patriarche. La Walé voit venir la fin de cette réclusion, marquée par un rituel où elle présente un spectacle de danse et de chant. La chorégraphie et les chants ont une structure très codifiée mais sont des créations uniques spécifiques à chaque Walé où elle chante l’histoire de sa propre solitude, et avec humour loue son comportement et discrédite ses Walé rivales. J’ai toujours été passionné par les peuples premiers car je sens qu’ils ont en eux une richesse que nous-mêmes avons perdue. Pour documenter ce bel hommage à la maternité, la fécondité et la féminité, j’ai proposé à différentes Walés, que je connais depuis plus de deux ans, de les mettre en scène dans des tableaux vivants pour témoigner d’une partie de leur histoire. Chaque image est une représentation visuelle d’une pensée intime qu’elle chantera le jour de sa sortie. Après Je suis Walé Respecte Moi, Forever Walé continue d’être le reflet d’un regard personnel que je porte sur les femmes et le rituel Walé, mais aussi le résultat d’une collaboration unique avec des jeunes femmes pygmées, leurs clans et un ethnomusicologue. Travaillant avec de nombreux artisans de la forêt, je construis mes installations en plein milieu de la jungle, sans photomontage ni collage.
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