« L’important ça n’est pas la destination, mais la déambulation ».
La photographie est pour moi une condition mentale. J’y suis arrivé par le voyage. Inversement, la nature fixe de l’image a le pouvoir de transporter son spectateur. Dans la riche diversité des paysages français, les banlieues restent des territoires d’ « antivoyages ». Construites dans la hâte et dans une histoire courte, elles sont loin de véhiculer l’image consensuelle d’une France romantique. Elles sont souvent des dortoirs plutôt que des sites touristiques, des zones d’activités plutôt que les quartiers historiques. Les formes urbaines adoptées épousent la grande échelle. Les principes de la ville classique, ont été inversés. Le bâti n’est plus la résultante du dessin de l’espace public, il ne s’insère plus dans un tissu. Émergent alors des volumes platoniciens inspirés des préceptes de la charte d’Athènes où l’espace public devient lâche et résiduel. Le plan urbain s’adapte aux véhicules motorisés et le piéton n’a plus de raison d’être. Si le territoire a ses centres géographiques, économiques, politiques ou culturels, les banlieues en sont le centre névralgique. Fragiles comme toutes entités ayant grandi trop vite, elles nourrissent nos fantasmes et cristallisent bon nombre de questions de l’époque actuelle. « Voyage en périphérie » est une extraspection. C’est l’histoire d’un voyage physique dans les banlieues de « ma ville » qui me semblaient hier plus lointaines que quelques grandes métropoles du monde.
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