Le parcours de Thibault de Puyfontaine est celui d’un papillon de nuit, attiré par les ampoules et les néons. La première étape de «Late colors» l’a conduit en Egypte et au Mozambique. Nous n’avons plus de repère pour savoir si nous sommes au Caire à Alexandrie ou à Maputo. Nous sommes dans une ville qui n’existe pas. Une ville rêvée, au cœur de la nuit. «Un univers tout sauf naïf, au contraire, bien sensuel, étrange, en résonance avec la vie qui gravite autour, qui fait corps avec le photographe faussement simple spectateur». Nathalie Degardin Aux enfants qui verront ces images, on racontera que la ville s’est vidée de ses habitants parce qu’un prince les a tous invités à une fête ou bien parce qu’un mystérieux génie les a fait disparaître. Et les enfants le croiront, comme ils veulent croire les contes et les légendes. S’il a gardé de l’enfance le goût de l’inconnu et de l’étrange, Thibault de Puyfontaine semble avoir trouvé le chemin qui mène au merveilleux sans suivre les récits ni faire d’histoires et c’est de cette manière qu’il entraîne son spectateur jusqu’à le perdre, de trompe l’œil en faux-semblants. Prises dans le dédale du Caire, dans les souks d’Alexandrie ou dans les ruelles de Maputo, la lointaine capitale du Mozambique, ses photographies s’imprègnent de l’atmosphère étrange d’un décor dont on aurait oublié de couper l’éclairage une fois la pièce jouée et les acteurs rentrés chez eux. Envolée l’effervescence des souks, évanouis les cris du marché, les pétarades des triporteurs et la sourde rumeur de la ville.
Extrait de la préface d’Hervé Le Goff pour le livre «Late colors».