C'est en voulant montrer Düsseldorf à des amis, de la tour de la télévision (Rheinturm) haute de 180 m, que l'envie m'a pris de prendre ces photos pour redécouvrir ma ville natale. Il avait neigé les jours précédents et ce jour-là il neigeait encore, rendant les rues et les abords du quartier du port (Medienhafen), méconnaissables. La neige en eff et soulignait les traces des voitures en lignes généreuses, ravivait un espace habituellement banal, faisait ressortir des détails de façon imprévue, comme l'architecture effi lée des arbres minuscules ou les aspérités du mur de la galerie d'art Mic Mac. De cette plateforme circulaire, perchée en haut de son mât, le quartier du port m'est apparu à la fois plus mystérieux et plus réel que jamais. Une vision féérique et en même temps abstraite, que l'oeil subtil de mon boitier, eut le réfl exe de capter, sans fi oriture, telle quelle. Jusqu'à la couleur vert sombre, à peine perceptible, que le Rhin prenait en traversant la ville, laissant de côté les places vides, immobiles et pourtant vibrantes de blancheur, du port de plaisance. Autre contraste les surfaces arrondies des immeubles signés Gehry réfl échissant une tâche immaculée tandis que l'enchevêtrement noirâtre des tuyaux et des poutrelles d'une raffi nerie anonyme rendait hommage aux Bechers, couple de photographes initiateurs de l'Ecole de Düsseldorf. Ainsi ma vision d'une ville éphémère prit forme en quelques photos, fi xée là en mémoire, pour durer.
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