De mes voyages passés, des images sont restées. Comme autant d’indices d’une étrange énigme.Instants en équilibre, où le réel se fissure, laissant entrevoir au-delà.Instants en équilibre, probablement invisibles s’ils n’avaient été figés à jamais.Etranges parcelles d’un univers intime.Passager d’un curieux voyage, une errance onirique et autofictionnelle, celle de ma propre vie. Cette série est le récit visuel de ce périple.
Avec les photos d’Olivier Léger, on voyage. Où ? On ne sait pas. Il n’y a pratiquement aucune indication de lieu et de temps. Seulement la présence de lettres qui scintillent dans la nuit, peut-être des idéogrammes chinois, qui nous préviennent d’une zone géographique, mais ce n’est pas certain ! Seulement un réveil posé sur une chaise et qui indique, en lettres rouges, 7.47 mais, là aussi, on n’en saura pas plus. Seulement un hôtel pas encore vraiment réveillé avec, semble-t-il, un nom français mais cela pourrait être aussi n’importe où ailleurs. Et puis, c’est tout ! C’est d’abord un voyage personnel, un voyage dans le temps, vécu comme une recherche de soi - pour reprendre un titre célèbre - déroulé au fil des images et du vent, de jour comme de nuit, en couleur ou en noir et blanc, partout et nulle part à la fois.
Des êtres humains surgissent parfois, de loin ou tout près. Qui sont-ils ? On n’en sait rien et on ne le saura pas. Peut être de simples rencontres, des silhouettes sur la route du voyageur qui semble lui-même s’oublier, transporté ailleurs. Oui Olivier voyage, entraîné dans une spirale, comme une toupie, comme un infatigable derviche tourneur. Les images se mêlent et se suivent comme se mêleraient des mots sur une page, sans ponctuation et en désordre, comme une ivresse photographique souhaitée et libre. Un rêve dans le vent, toujours omniprésent sur ces images. On voit aussi des barres de béton, périphérie de ville cimentée, comme celles que l’on traverse du regard en se rendant à l’aéroport, juste motivation pour s’éloigner, partir. Les animaux sont également présents dans les photos d’Olivier. Des oiseaux qui sortent d’un bois, et un phoque assez agressif. Sur une colline, on aperçoit une petite église perdue au milieu de nulle part, avec un cercueil ouvert. Faut-il y chercher un sens ? Apparemment non. D’ailleurs le cercueil est vide.
On découvre enfin ce qui pourrait être un taxi, la nuit, dans une ville inconnue, et puis un cinéma tout aussi vide, un cours de danse, peut-être un restaurant asiatique traduit en ombre chinoise, une autoroute qui longe un bord de mer bétonné, une femme noire au visage déchiré par la vie, écrasée sous un soleil de plomb et puis, et puis un pub comme ceux qu’on découvre de l’autre côté de la Manche, ou bien encore des nuages qui tombent et s’effondrent dans l’eau et des reflets colorés qui me font penser à la vieille Agfachrome, à jamais oubliée. Des ombres floues, à la croisée de chemins ponctués d’arbres, des visages méconnaissables dans une lumière matinale, aurore boréale… C’est le rêve d’Olivier, dans lequel il nous transporte sans nous donner d’explications, afin que nous le vivions ensemble, à demi éveillés, à demi endormis, un peu ivres. Mais tellement libres !
Naples le 9 juin 2017, Nicolas Pascarel. Ecrivain. Photographe.
Olivier Léger
Autodidacte en photographie, l’auteur s’est formé au contact d’artistes de renoms. La rencontre décisive se fera avec le photographe Klavdij Sluban, et sera suivi de plusieurs workshops et d’une masterclass.Au travers de photographies prises lors de multiples voyages, c’est en fait une photographie autobiographique qui émerge. Le dialogue entre le monde et l’auteur, le monde visible et le monde intérieur, aboutit à un univers personnel onirique où, sensualité, nostalgie, noir, et présence féminine occupent une place centrale. Si certains peuvent photographier dans leur jardin, pour l’auteur, le voyage, le fait d’être ailleurs, agit comme un révélateur. Il permet une virginité du regard, celui de l’enfant qui découvre et s’émerveille. Au delà du chemin, c’est la découverte de soi et de ses obsessions.
https://www.facebook.com/olivier.leger.169